Juridique

Conditions d’éligibilité au chômage : les nouvelles règles en vigueur

Douze mois de travail ne suffisent plus à garantir le même filet de sécurité. Depuis le 1er février 2023, le parcours du demandeur d’emploi s’est complexifié : la durée d’indemnisation a été réduite d’un quart pour toute nouvelle inscription, sauf si l’économie traverse une mauvaise passe. Ceux qui pensaient que 12 mois d’activité sur 24 leur ouvraient sans discussion les portes de l’indemnisation doivent désormais composer avec des règles plus resserrées. Les travailleurs saisonniers et intermittents continuent, eux, de naviguer dans un maquis réglementaire taillé sur mesure, loin des standards du salariat classique.

Parmi les évolutions marquantes, le calcul du montant de l’allocation journalière a changé, tout comme le chemin administratif à parcourir : la moindre erreur, le moindre document manquant, et c’est l’exclusion du dispositif. Cette rigueur nouvelle place la barre plus haut, obligeant chacun à une vigilance de chaque instant.

Qui peut bénéficier aujourd’hui des allocations chômage ?

Pour prétendre à des allocations chômage, il faut d’abord passer par France Travail (ex-Pôle emploi). L’inscription n’est possible qu’après une perte d’emploi involontaire : fin de CDD, licenciement, rupture conventionnelle. La démission reste une voie sans issue, hormis quelques exceptions âprement examinées par une commission paritaire.

Le demandeur d’emploi doit présenter un parcours suffisamment dense. L’exigence : avoir travaillé au moins 6 mois sur les 24 derniers mois, ou 36 mois pour les personnes de plus de 53 ans, que l’on soit en métropole ou dans les DOM. Ce seuil ne varie pas selon le territoire. Les travailleurs saisonniers sont soumis à des critères adaptés à leur activité fragmentée, mais ne bénéficient pas des mêmes conditions qu’un salarié en CDI.

Voici les critères à remplir pour accéder à l’indemnisation :

  • La perte de l’emploi doit être involontaire (hors démission, sauf exceptions encadrées)
  • Inscription obligatoire auprès de France Travail
  • Justifier d’au moins 130 jours ou 910 heures de travail sur les 24 derniers mois
  • Résider en France ou dans un DOM

Pour les seniors, la période de référence s’allonge, permettant un maintien plus long des droits. Les personnes percevant le RSA sont exclues du régime chômage, sauf si elles peuvent attester d’une activité salariée suffisante dans le passé. Les règles visent à réserver l’assurance chômage à des profils répondant à ces critères, ce qui met de côté la plupart des indépendants ou micro-entrepreneurs, à l’exception, toute récente, de ceux touchés par une liquidation judiciaire.

Tout se joue donc sur la capacité à présenter un historique d’activité solide et vérifiable. Sans preuve, pas d’indemnisation.

Nouvelles règles et réformes récentes : ce qui change pour l’accès au chômage

La réforme de l’assurance chômage a, ces derniers mois, bouleversé le paysage. L’un de ses piliers : la contracyclicité. Désormais, les conditions d’indemnisation évoluent avec le taux de chômage. Quand le marché de l’emploi se porte bien, la durée d’indemnisation se resserre. Aujourd’hui, un demandeur d’emploi peut toucher l’allocation pendant 18 mois, contre 24 auparavant, sauf exceptions pour les plus âgés et certaines situations spécifiques.

La durée d’indemnisation s’ajuste donc automatiquement : si le chômage repasse au-dessus de 9 %, la durée des droits pourra remonter. Cette mécanique entend favoriser un retour rapide à l’emploi en période de reprise. Autre nouveauté : le bonus-malus pour les contrats courts dans certains secteurs, hôtellerie-restauration, événementiel,, une manière de responsabiliser les employeurs qui multiplient les embauches précaires.

Voici les principales nouveautés à retenir :

  • Durée maximale d’indemnisation ramenée à 18 mois pour les moins de 53 ans
  • Réduction automatique si le taux de chômage baisse
  • Mise en place du bonus-malus sur les contrats courts dans les secteurs ciblés

La réforme a aussi modifié la méthode de calcul des allocations chômage : les périodes non travaillées pèsent désormais davantage dans le calcul du salaire journalier de référence. Ce changement, contesté par nombre de syndicats, a un impact direct sur le montant mensuel perçu par beaucoup de demandeurs. L’objectif affiché : coller à la réalité du marché du travail, quitte à bousculer des habitudes vieilles de plusieurs décennies.

Jeune femme souriante assise sur un banc urbain

Montant, durée des droits et démarches à suivre pour obtenir l’allocation

Le montant des allocations chômage s’appuie sur le salaire journalier de référence (SJR), calculé à partir des rémunérations perçues sur les deux dernières années. Désormais, le SJR prend plus strictement en compte les périodes sans travail, ce qui rogne le montant pour de nombreux allocataires. L’allocation journalière oscille entre 57 % et 75 % du SJR, selon les revenus antérieurs, avec un plafond et un plancher actualisés chaque année.

La durée d’indemnisation dépend du temps travaillé : jusqu’à 18 mois pour les moins de 53 ans, 22 mois pour les 53-54 ans, et 27 mois au-delà, selon les cas. Ce délai peut évoluer selon la conjoncture, via le mécanisme de contracyclicité. Les droits peuvent être renouvelés si une nouvelle période d’affiliation est validée, à condition de remplir à nouveau les critères d’éligibilité.

Démarches à suivre

Pour obtenir l’allocation, voici les étapes à respecter :

  • S’inscrire auprès de France Travail dans l’année qui suit la fin du contrat
  • Fournir tous les justificatifs : contrats de travail, attestations, bulletins de salaire
  • Signer un contrat d’engagement qui inclut l’acceptation d’une offre raisonnable d’emploi

La moindre faille dans ces démarches peut entraîner des sanctions, jusqu’à la suspension temporaire des droits. La procédure, aujourd’hui totalement en ligne, exige réactivité et rigueur pour ne pas se voir refuser l’accès à l’indemnisation. Rater une étape, oublier un document, et l’attente se prolonge, parfois indéfiniment.

Ce nouveau cadre n’a rien d’anodin. Il façonne le visage du chômage pour des centaines de milliers de personnes, dessine des parcours plus escarpés et, parfois, laisse certains sur le bord du chemin. Reste à voir si cette rigueur produira les effets escomptés ou si elle précipitera d’autres débats dans les mois à venir.